Mme la présidente du conseil régional, chère Ségolène, que nous avons toujours plaisir à accueillir chez elle à la Rochelle,
Monsieur le maire de La Rochelle, mon cher Maxime,
Camarade 1er secrétaire, mon cher Harlem
Mes chers camarades militants, élus et intervenants, ministres, parlementaires,
Qu’il me soit permis, avant tout au nom de tous les militants de la fédération socialiste de la Charente-Maritime de vous dire notre fierté et notre plaisir d’accueillir pour la vingtième année, et pour longtemps encore je n’en doute pas, notre université d’été.
Ce sont plus de 70 militants qui, rompus à l’exercice, assurent pendant quatre jours l’organisation logistique et pratique de cet événement. Notre ardeur à la tâche est d’autant plus grande que nous savons participer par là à une manifestation qui, de bienvenue il y a vingt ans est politiquement indispensable aujourd’hui, à un moment où les socialistes ont l’obligation de reprendre l’offensive culturelle.
Je dis bien « reprendre » l’offensive. Pourtant, me direz-vous, nous avons gagné les élections et nous sommes là pour quatre ans au moins. Mais si gagner les élections est nécessaire, cela n’est pas suffisant. Il suffit de regarder de près la posture adoptée spontanément par la droite ces derniers mois pour s’en convaincre.
Attention car nous avons affaire à une droite en état de guerre
Car la droite ne s’encombre pas du message adressé par les Français au printemps 2012. Ils ne reconnaîtront jamais la légitimité de cette victoire ni ne sentiront obligés par elle. Ses attitudes déplacées et revanchardes, ses outrances et l’utilisation habile qu’elle a fait du mouvement de la « manif pour tous » ne sont pas un excès passager mais une première alerte à prendre très au sérieux.
Lorsque certains de ses caciques prétendent faire l’inventaire des années Sarkozy, cela n’est pas pour revenir sur l’outrance de ce que fut la politique violente et agressive de leur chef de file mais bien au contraire pour regretter que cette politique n’ait pas été encore plus frontale, encore plus injuste, encore plus destructrice pour la classe ouvrière et les plus faibles. Que l’écran de fumée des gué-gerres Fillon-Copé ne nous empêche pas de décoder ce qui se passe d’essentiel et d’annonciateur du côté d’un Laurent Wauquiez qui un jour fera passer Chirac pour un modéré de centre-gauche, ce qu’il n’était pas loin s’en faut.
Notre adversaire, comprenons-le d’ores et déjà c’est une droite qui veut faire l’inventaire de Sarko pour être plus à droite que Sarko. La droite n’a rien appris, rien oublié. Depuis un an ce sont les ultras qui mènent la danse dans leur camp. Par des coups de boutoirs réguliers, décomplexés et malheureusement souvent bien ciblés la droite attaque la République et le commun. Et lorsque le bien de tous est attaquer, pour le bien de tous il faut savoir dire et assumer que nous entrons en guerre.
Cette guerre est culturelle et réclame que nous nous armions.
De quoi avons nous besoin? La formule de Michel Foucault qui voit la politique comme « la guerre continuée par d’autres moyens » n’est pas seulement un bon mot. Par l’idéologie et la propagande, deux armes qu’un mouvement politique se doit d’entretenir, de renforcer et d’utiliser sans complexe la droite prépare durablement le terrain pour avancer sabre au clair lorsqu’elle est au pouvoir et pour délégitimer notre action lorsque, comme aujourd’hui, nous sommes en responsabilité.
C’est en cela et dans ce contexte que les universités d’été et la formation dans le parti au sens général ont une importance fondamentale. Cette organisation à la Rochelle, une fois de plus, montre que nous y attachons une grande importance. La représentation que nos élus assurent avec enthousiasme et efficacité (nous l’avons constaté pendant les journées Condorcet) ne suffit pas. Il faut que notre parti continue à se doter d’outils nouveaux et ambitieux qui lui permettent d’être le vaisseau amiral du combat culturel et d’être le carburant de l’action présidentielle. Le gouvernement, n’en déplaise aux médias, aux cassandres, a son rythme de croisière; il invoque les politiques publiques de demain, au parti d’avoir le sien en inventant comme il le fait la stratégie politique de demain. Cette stratégie n’a qu’un nom, le combat culturel. Cela n’est pas nouveau. Jaurès avant 1914 portait déjà avec d’autres l’idée des universités itinérantes et populaires. Mais dans le contexte actuel c’est la première des obligations. Il nous faut retrouver les moyens d’agir sur les perceptions politiques de nos concitoyens.
Les universités ne permettent pas seulement la formation des militants. Elles permettent, et c’est tout aussi important, d’entretenir ce lien si précieux avec les experts et les intervenants qui sans être adhérents sont eux aussi une pièce maitresse du dispositif. Nous sommes socialistes, nous croyons d’abord et avant tout au progrès. Nous sommes, à l’inverse de Sarkozy raillant bêtement les chercheurs soi-disant « au chaud dans leurs laboratoires » conscients de l’importance d’écouter les « intellectuels ». On peut être pleinement soucieux des classes populaires sans être populistes et sans verser dans le dénigrement des « intellectuels ». Au contraire, la gauche a toujours gagner à cheminer avec eux. Et c’est en faisant front avec eux que nous avancerons.
Car, oui, nous ne gagnerons le combat culturel qu’en faisant front !
Faire front ne signifie pas étouffer le débat interne à gauche.
Les ateliers de l’université d’été le prouvent. Le travail de la fédération de la Charente-Maritime en est une illustration parmi d’autres. Sur ces trois derniers mois une conférence-débat sur l’abstention avec un expert invité, un débat public avec les camarades Maurel et Rihan-Cypel sur l’Europe ou encore la mise en place d’un nouvel organe de communication illustrent ce besoin de débattre entre nous ou de manière ouverte sur la société.
Mais pas de se déchirer ou de prendre constamment des postures électoralistes pour tenter vainement de l’emporter au sein de son propre camp.
Jamais une gauche ne l’a emporté contre une autre. Cela ne sert que la réaction que nous combattons tous.
Que chacun à sa façon aide le Président à agir en Europe au lieu d’invectiver, d’indexer tel ou tel en le plaçant à l’extrémité d’on ne sait quel spectre politique.
Il faut une gauche unie. Une gauche divisée n’intéresse personne et surtout pas les classes populaires et ouvrières ! Pas de combat culturel sans débat. Pas de combat culturel sans front unique !. Pas de combat culturel sans unité. Et pas de victoires durables pour nos idées et de défense efficace de la République sans combat culturel.
Pour conclure mes chers camarades, admettre que nous sommes en guerre culturelle n’est pas faire preuve de bellicisme mais de réalisme.
Car notre but à nous est bien de contrer cette droitisation qui détruit le commun et le vivre-ensemble, pour aider le président de la République et le gouvernement sur le temps long, en remobilisant la société des socialistes. Nous sommes ici pour affûter nos arguments, affirmer nos engagements, et recharger nos munitions en défense de la République et du progrès.
Tant qu’une majorité de Français adhéreront spontanément à des propositions simplistes du type « travaillez plus pour gagner plus » ou « la France tu l’aimes ou tu la quittes », nous ne pourrons pas nous satisfaire de nos victoires électorales.
Pour pouvoir continuer, comme notre regretté Pierre Mauroy, à mettre du bleu au ciel, pour pouvoir offrir un horizon à la jeunesse, priorité du président et si bien représentée pendant ces 3 jours par nos camarades du MJS, pour faire oeuvre de socialistes il nous faut nous battre, sans craindre l’assaut, sans que jamais la main ne tremble. Car nous sommes les socialistes, fiers de nos combats et de nos luttes, fiers de participer à cette longue chaîne dont l’aboutissement dépasse nos personnes.
Comme tout mouvement politique qui veut agir sur le réel il nous faut quelques points fixes pour soulever le monde. Si la fédération socialiste de la Charente-Maritime fait en sorte que notre rdv de LR soit un de ces points fixes, nous aurons fait notre devoir et pris part au combat culturel. Bonne université à tous. Et aux armes !